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Agence France Presse March 20, 2003

Washington prend des risques en renoncant a une "domination rapide"(ANALYSE)

By Francis Temman

Les Etats-Unis ont renonce a leur strategie de "domination rapide" du champ de bataille au profit de frappes limitees et ciblees en Irak, un mode d'entree en guerre qui comporte le risque de laisser l'initiative aux Irakiens.

A la surprise des experts militaires, le Pentagone a lance trois courtes vagues de bombardements sur Bagdad, alors que le jour se levait jeudi en Irak, qui visaient specifiquement un bunker ou aurait pu se trouver Saddam Hussein et son entourage.

"Ils ont pense sur la foi d'informations des services de renseignement que Saddam Hussein ou ses fils se trouvaient au sud de Bagdad et ils ont decide de profiter de ces informations perissables pour agir. Ils avaient l'occasion de decapiter les hommes du pouvoir irakien et ils l'ont prise", explique a l'AFP Patrick Garrett, analyste militaire a GlobalSecurity.Org.

Le premier a avoir confie sa totale surprise est le general Norman Schwarzkopf, qui dirigeait les operations militaires lors de la guerre du Golfe en 1991. "Ma premiere reaction a ete un choc total parce que nous pensions tous que cela commencerait par une attaque geante contre le centre-ville de Bagdad. Au lieu de cela, il s'agit de tres petites operations", a-t-il confie mercredi soir.

Les specialistes s'attendaient a ce que les hostilites debutent par une offensive majeure destinee a infliger "choc et stupeur" chez l'ennemi, conformement a la doctrine de la "domination rapide" du champ de bataille qu'affectionne le Pentagone.

Cette doctrine, developpee pour la premiere fois dans un livre paru en 1996 ("Choc et stupeur") par deux theoriciens de la guerre Harlan Ullman et James Wade, preconise l'utilisation d'une force ecrasante des le tout debut des hostilites de maniere a rendre l'ennemi "aveugle" et "sourd", l'empecher de penser clairement et lui faire conclure rapidement a l'inevitabilite de la defaite.

Les strateges militaires americains avaient laisse entendre que la guerre debuterait par 48 heures de bombardements massifs destines a briser les defenses antiaeriennes, les centres de commandement, de controle et de communications et les infrastructures de l'armee irakienne.

"Je ne suis pas sur qu'ils aient demarre la guerre!", ironise Jay Farrar, vice-president du Centre d'etudes strategiques et internationales (CSIS), en relevant que ces premieres frappes sur Bagdad s'apparentent davantage a une tentative d'assassinat.

Mais si la decapitation du regime semble avoir rate, de telles frappes limitees peuvent comporter des risques, notamment celui de laisser l'initiative aux militaires irakiens, meme pour pour un temps limite.

"Le seul risque est que, sans une strategie coherente globale et des frappes systematiques partout en Irak, les Irakiens n'ont pas courbe l'echine. Ils savent que la guerre a commence et maintenant ils ont pris l'initiative", fait remarquer Patrick Garrett.

L'armee irakienne a deja riposte aux frappes americaines par des tirs de missiles sur le Koweit et apparemment par l'incendie de puits de petrole dans le sud de l'Irak.

"Le defi va etre maintenant de regagner un certain degre de surprise tactique", considere Michele Flournoy, analyste militaire au CSIS.

Une offensive majeure devrait suivre sous peu, selon elle. "Nous allons revenir au plan de guerre initial. Les operations vont mettre en jeu une puissance de feu ecrasante. Meme si elles ne creent plus la surprise, elles provoqueront une commotion pour les troupes (irakiennes) au sol", ajoute-t-elle.

Mais, selon elle, la situation a cree un facteur d'incertitude: "La question-cle desormais va etre de savoir comment Saddam Hussein va repondre car cela determinera la facon dont les forces de la coalition devront coller a leurs plans ou devront s'adapter a des realites changeantes".


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