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Le Figaro February 24, 2003

Richard Perle, conseiller du Pentagone, toujours irrite par Paris; Nouvelle charge antifrancaise

By Jacques Duplouich

Croise americain de la francophobie, Richard Perle, 61 ans, multiplie sous tous les cieux les preches antifrancais et les homelies anti-Chirac du haut de ses chaires mediatiques. Et Dieu sait qu'il n'en manque pas. Son dernier sermon, dans The Observer, hier, en dit long sur l'homme, dont Jude Wianniski, personnalite reganienne opposee aux neoconservateurs les ' neocons ' de George W. Bush, affirme qu'il a, en 1981, ' coordonne, a l'interieur de l'Administration Reagan, le bombardement par l'aviation israelienne, de la centrale nucleaire irakienne Osirak ' construite par la France.

Si le president de la Republique s'oppose a la guerre contre l'Irak, ' c'est au nom d'interets commerciaux pares du voile de la morale ', explique, serieusement, Perle, president du Defence Policy Board, organe consultatif du Pentagone. En verite, ' le president francais a trouve sa propre maniere de traiter avec Saddam Hussein ', ajoute-t-il. Le proteger a tout prix, sous couvert des inspections de l'ONU, par une vile strategie retardant la guerre. Ouvrir un conflit avec le maitre de Bagdad ' pour le remplacer par quelqu'un d'hostile (a la France) irait a l'encontre des interets francais ', assure-t-il.

Argument imparable, a premiere vue. Mais, specieux, a la loupe. En effet, si le remplacement de Saddam est assure par une irrepressible offensive americaine et si la France est si soucieuse de ses interets, n'aurait-elle pas avantage a se ranger dans le camp des vainqueurs annonces ? Pour preserver ce qui peut l'etre. A l'inverse, Perle fournit une precieuse indication en annoncant a l'avance que l'ethnarque mis par l'Administration americaine a la place Saddam Hussein, sera ' hostile ' a la France.

' Je ne crois pas que nous obtiendrons le soutien francais au Conseil de securite ', affirme-t-il aussi a l'Observer. ' Je pense qu'ils (les Francais) opposeront leur veto et multiplieront les obstructions a toute action unifiee du Conseil de securite : ils s'activent furieusement, en ce moment. ' Immoral, selon Perle.

Samedi dernier, cependant, The Guardian constatait que ' si la guerre contre l'Irak devait etre presentee comme une guerre morale, alors la moralite est chere payee '. Venale, pour tout dire. Ainsi, Washington ne recule devant rien pour obtenir la majorite au Conseil de Securite en aguichant les membres non-permanents du Conseil. Au Mexique, la promesse de faciliter l'immigration de ses ressortissants vers les Etats-Unis. A la Guinee, a l'Angola, au Cameroun, des dollars par millions. A la Bulgarie, l'appui americain pour faciliter son integration a l'UE. Washington promet aussi a Moscou et Pekin de renoncer a d'anciennes creances.

Et The Guardian de rappeler l'' achat ' par les Etats-Unis du droit de stationnement en Turquie, au prix de 26 milliards de dollars. Guerre morale ? Sans doute, conclut le journal. Mais, en l'occurrence ' la moralite est a vendre a un prix que l'Amerique et la Grande-Bretagne n'eprouvent aucune honte a payer '. En somme, au ' furious lobbying ' francais, Washington et Londres opposent une frenetique campagne de chantage. L'hommage du vice a la vertu, en somme.

Il faut rendre cet hommage a Richard Perle qu'il n'est pas des convertis recents a un changement de regime a Bagdad. Ce bouleversement, il l'appelle de ses voeux depuis les annees 80. Depuis, il n'a jamais cesse d'inciter l'Administration a lancer l'offensive contre l'Irak. Hors sa detestation viscerale de la France, Perle, dont les nombreux detracteurs aux Etats-Unis disent qu'il est a propos de l'Irak ' le pantin ventriloque ' de Donald Rumsfeld, est l'homme d'une idee fixe : celle d'une confrontation prolongee et multiforme de l'Occident a tout le moins les Etats-Unis avec le monde arabo-musulman.

' Personne ne semble bien comprendre que cette strategie ne s'arretera pas au renversement de Saddam Hussein ', remarque John Pike, un expert americain pour les questions de defense. ' L'Irak n'est pas la fin du livre. C'est le debut du chapitre ', assure-t-il.

Dans Hard Line Ligne dure un roman a clef relatant son activite dans l'Administration reganienne, Richard Perle leve le voile sur la maniere d'acquerir le pouvoir dont il se sert, aujourd'hui, aupres de George W. Bush. ' Le savoir est le pouvoir, explique-t-il. Plus on sait, plus il est possible d'utiliser cette connaissance pour etendre son empire ou mettre en place son propre calendrier politique voire les deux. ' Le style c'est l'homme...


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