LE MONDE 18.09.02
Trois questions à ... John Pike
Vous êtes spécialiste des questions stratégiques et de désarmement, et vous dirigez un think tank (globalsecurity. org) qui pèse le pour et le contre d'une attaque contre saddam hussein. quelle est votre réaction à l'offre irakienne de laisser revenir "sans condition" les inspecteurs du désarmement ?
Il reste encore à voir quelles sont les conditions qui sont attachées à cette offre "inconditionnelle" d'accepter les inspecteurs. J'ai toujours pensé qu'à un certain moment l'Irak laisserait revenir les inspecteurs, afin de gagner du temps et de renforcer le camp de ceux qui s'opposent à une action militaire américaine. Je suis un peu surpris qu'ils aient attendu si longtemps, mais il est clair que, s'ils n'avaient pas accepté la résolution de l'ONU existante, ils auraient eu à faire face dans quelques semaines à une résolution beaucoup plus stricte.
Quelle crédibilité peut-on accorder aux inspecteurs ?
Je pense que cette décision des Irakiens de les inviter à revenir a certainement pour but de gagner du temps jusqu'au printemps prochain, quand les conditions climatiques ne seront plus aussi favorables. Il fera trop chaud pour une action militaire américaine.
Si les Irakiens étaient intelligents, ils montreraient tout simplement tous les matériels qui ont été la cause du litige avec les Nations unies en 1998. Les inspecteurs finiraient par quitter le pays sans avoir découvert le moindre élément des programmes qui ont été conduits secrètement depuis 1998.
Le chef d'état-major américain interarmes, le général Myers, a parlé la semaine dernière de laboratoires mobiles de production d'armes interdites en Irak. Ces unités seraient impossibles à détecter. Que faut-il en penser ?
Je n'ai aucun moyen d'évaluer la crédibilité de l'histoire des "laboratoires mobiles". Ils sont supposés être des unités de production d'armes biologiques, tout simplement montées sur des camions. Cela serait évidemment très difficile d'inspecter chaque camion qui circule en Irak...
Propos recueillis par Corine Lesnes
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