
L'Orient Le Jour Lundi 19 Août, 2002
Washington n'a encore procédé à aucun envoi de renforts militaires vers le Golfe
Le récent durcissement de ton de Washington à l'égard de l'Irak ne s'est pas traduit par un envoi significatif de renforts militaires vers la région du Golfe, où l'armée américaine a progressivement installé des équipements depuis quelques années.
Les forces américaines dans la région s'élèvent à quelque 55 000 militaires (armée de terre, de l'air, marine et infanterie de marine - Marines), soit un peu moins que l'effectif maximal déployé en plein cour de la guerre en Afghanistan, ont indiqué des responsables militaires. Selon un responsable du Pentagone s'exprimant sous couvert d'anonymat, il n'y a eu aucun changement majeur dans le déploiement des troupes américaines dans la région.
« Cela veut dire qu'il n'y a pas de plan. Que le président dit la vérité quand il affirme qu'il n'y a aucune décision » prise quant à une intervention, a affirmé ce responsable. Ces dernières années, l'armée américaine a stocké suffisamment de matériel militaire dans la région pour équiper au moins une division blindée se déployant rapidement, a ajouté le responsable. Les bases aériennes au Qatar et au Koweït ont été renforcées pour pouvoir accueillir des forces aériennes américaines en cas de crise.
« Dans l'ensemble, le commandement central de l'armée américaine (basé en Floride, qui serait responsable pour toute intervention en Irak) a préféré fournir des efforts visant à être capable de réagir rapidement plutôt que de mettre en place de gros renforts », a déclaré un ancien responsable du Pentagone, qui a demandé à ne pas être identifié.
Le renforcement le plus important de la présence américaine dans la région concerne la base d'Udaid au Qatar, construite au milieu des années 1990 dans le désert au sud-est de Doha. Une base de commandement et de communications y serait en construction et pourrait être utilisée au cas où l'Arabie saoudite refuserait l'utilisation de son centre d'opérations sur la base aérienne de Prince Sultan.
Des photographies satellitaires de la base sur le site de GlobalSecurity.org, un groupe d'experts basé à Washington, montrent que depuis janvier dernier, une nouvelle rampe de lancement et un centre de commandement ont été ajoutés à la base qui possède une piste de 4,1 km de long et peut accueillir 175 avions et de 10 000 à 15 000 hommes.
L'utilisation de la base d'Udaid s'est intensifiée depuis les attentats du 11 septembre aux États-Unis. La base héberge des avions ravitailleurs KC-10 et KC-135, ainsi que de gros transports C-17. Près de 3 500 militaires américains y sont stationnés, selon des responsables de la défense américaine. Depuis 1998, les bases al-Jaber et Ali Salem au Koweït ont vu leurs pistes et leurs aires de stationnement agrandies pour les avions de chasse américains et britanniques qui survolent une zone d'exclusion aérienne au sud de l'Irak, imposée par Washington et Londres après la guerre du Golfe en 1991.
Des tanks et des véhicules blindés ont par ailleurs été entreposés au Koweït, au Qatar et sur des navires au large de l'île Diego Garcia dans l'océan Indien.
Mardi un porte-parole du commandement central a annoncé que la marine américaine avait décidé d'affréter deux navires commerciaux pour transporter des équipements militaires stationnés en Europe dans la région du Golfe. Il a déclaré que ce transport de matériel s'inscrivait dans le cadre plus large du transfert d'équipement militaire d'Europe vers d'autres régions du globe.
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